Psycho-Pass

Japon, année 2112. Depuis l'avènement du Système Sybil, le pays vit dans la paix et la sécurité. Les citoyens sont régulièrement soumis au contrôle de leur Psycho-Pass, sorte de carte d'identité de leur psychisme. D'un simple scan, Sybil détermine leur santé mentale et notamment leur taux de criminalité. Les contrôles préventifs et le travail de la police permettent ainsi d'appréhender tout individu présentant un facteur dépassant les limites acceptables, avant même qu'il n'ait pu commettre son forfait.
Placé sous l’autorité du ministère de la Santé, le Bureau de Sécurité Publique se compose de différentes divisions. Deux profils y cohabitent : les lieutenants et les exécuteurs. Les premiers donnent les ordres et possèdent un Psycho-Pass clair. Les seconds ont un coefficient de criminalité élevé. Au lieu d'être placés en centre de thérapie (sachant qu'en général, on n'en ressort jamais) ou simplement éliminés, ils traquent et tuent les criminels au nom de l’ordre public.

Les armes à feu classiques ont disparu ; la police utilise désormais des Dominateurs. Ces super revolvers peuvent lire le Psycho-Pass d'un individu instantanément. Si son facteur criminel est en dessous de 100, la gâchette se bloque pour interdire le tir. Si le facteur dépasse ce seuil, le Dominateur se met en mode paralysie. Enfin, quand un individu est scanné au-dessus de 300, l'arme se met automatiquement en mode « élimination létale » et la personne est littéralement désintégrée.
L'histoire s’attache aux pas d’Akane Tsunemori, jeune femme tout juste transférée au BSP. Avec elle, nous découvrons la première division du Bureau, ses membres, leurs méthodes de travail. Surtout, nous perçons progressivement les secrets de Sybil. Sur quoi la société repose-t-elle ? Le système est-il parfait ? Comment fonctionne-t-il ? Les enquêtes font émerger le nom d'un homme, un grain de sable déterminé à enrayer la merveilleuse machine : Shôgo Makishima.

Réalisée en 2012 au sein de Production IG, Psycho-Pass est une série particulièrement soignée. Le chara-design est signé par Akira Amano, autrice du célèbre manga Kateikyoushi Hitman REBORN! L’animation présente une qualité constante tout au long des vingt-deux épisodes, avec une fluidité et un montage superbes pendant les scènes d’action. Les décors restituent une ambiance futuriste dans un tourbillon de détails, de lumières et d’inventions remarquables comme les projections holographiques. En accentuant les forces et les défauts de l’actuelle Tôkyô, l’histoire nous projette dans ce que pourrait être la ville au siècle prochain : encore plus haute, encore plus grisante, toujours plus sécurisée.

Avec Psycho-Pass, le scénariste Gen Urobuchi (Fate/Zero, Puella Magi Madoka Magica) développe un discours plus profond qu’avec ses séries antérieures. Il crée ici un univers de toutes pièces au service de ses réflexions sur la société, la justice et la loi, les idéaux et le libre arbitre. Le monde de Sybil ne connaît pas l’insécurité. À travers la lecture du Psycho-Pass, le système détermine pour chaque individu la voie qu’il doit emprunter pour accéder au bonheur, comme le choix de la carrière professionnelle. Libérés du doute et des questions existentielles, les citoyens goûtent à une vie douce. Cette société peut-elle être qualifiée d’utopie ? En contrepartie des avantages qu’il offre, Sybil contrôle tout. Toute personne à la pensée dissidente est appréhendée de manière implacable. Au sein de la série, chaque personnage incarne une réponse humaine face à un système à la fois bénéfique et oppresseur. La plupart présentent ainsi une personnalité fouillée et charismatique comme Shinya Kôgami, Nobuchika Ginoza, le doyen Masaoka et l’héroïne Akane Tsunemori, qui brille par sa foi inébranlable en la justice (on retrouve ici le talent d’Urobuchi pour dresser des portraits de femmes fortes, comme c’est aussi le cas avec Madoka, Saber, voire Asseylum dans Aldnoah.Zero).

L’un des points forts de la série réside dans l’affrontement entre l’exécuteur Kôgami et l’ennemi public numéro un, Shôgo Maskishima. Tout l’univers de Psycho-Pass semble bâti autour de ce dernier pour qu’il y rayonne. Esthète, lettré, amoureux de l’humain et de la liberté, Makishima propose de nombreuses réflexions philosophiques et cite de grands auteurs comme Philip K.Dick, dont la nouvelle Rapport minoritaire pourrait constituer un lointain prequel à Psycho-Pass.

La musique contribue enfin à instaurer l’atmosphère de l’œuvre, en particulier ses génériques. Le premier opening, Abnormalize de Ling Tosite Sigure, résonne avec le côté futuriste, de même que l’ending électro d’EGOIST, Namae no nai kaibutsu. Le duo d'EGOIST Ryo/Chelly signe également l'ending 2, All alone with you. L’opening 2, Out of Control, se pare quant à lui de sonorités rock. Il est interprété par le groupe Nothing’s Carved In Stone, aussi entendu sur la série Zetsuen no Tempest – The Civilisation Blaster.

À la suite de son succès, Psycho-Pass s’est vu enrichi d’une deuxième série de 11 épisodes en 2014, puis d’un long-métrage animé en 2015. A noter aussi l'existence de Psycho-Pass Extended Edition, une version remaniée de la saison 1 comptabilisant 11 épisodes de 45 minutes avec des scènes inédites. C'est cette version qui a été diffusée sur J-One en 2014.