Isao Takahata (高畑 勲)
Présentation
C'est le 29 octobre 1935 qu'Isao Takahata voit le jour dans la petite ville d'Ise, au sein d'un foyer de sept frères et sœurs, dans l'ancienne province du même nom. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, alors que sa famille se trouve à Okayama, il connait l'expérience douloureuse de la guerre, bien qu'il ait tout juste dix ans. Tout cela ne l’empêche pas d'avoir un intérêt pour le cinéma d'animation, sa premier œuvre visionnée dans les salles obscures fut L'araignée et la tulipe (1943). Mais le film qui le marquât le plus est sans nul doute français : La Bergère et le Ramoneur (prémisse du Roi et l'Oiseau). A partir de cet instant, la France ne le quitta plus jamais. Il s'inscrivit aux cours universitaire de littérature française et sera diplômé de l’Université de Tokyo dans cette matière en 1959. Ne délaissant aucunement l'animation, c'est durant la même année qu’il rejoint les bancs de la Toei Animation. Dans cette société, il rencontre Yasuo Otsuka, Taiji Yabusjita ainsi que Mori Yasudji qui lui apprennent les rudiments de l'animation. Le jeune Isao étant ouvertement de gauche, il n'hésite pas à se syndicaliser et à devenir vice-secrétaire général du Syndicat aux côtés de son ami, de cinq ans son cadet, Hayao Miyazaki (qui est alors le vice-président). Après la réalisation de quelques épisodes de séries japonaises, inédites chez nous, il est choisi, pour son talent indéniable, comme réalisateur d'Horus, prince du soleil (1968), son premier long-métrage. En 1971, Takahata et son ami Miyazaki, ainsi que d'autres salariés, décident de quitter Toei, considérant que la société ne leur permet aucunement de s’épanouir dans leur travail. Dans le Studio A Production, où les deux amis se sont réfugiés, Takahata, (Miyazaki étant encore dans son ombre) est pressenti pour la réalisation d'une série autour de l’univers de Fifi Brindacier ; malheureusement Astrid Lindgren, créatrice de cette petite fille fictive, ne transmet pas son autorisation. Après la coréalisation d'Edgar de la Cambriole aux côtés de Miyazaki, Isao Takahata décide tout de même de mettre en avant, dans l'une de ses réalisations, une petite fille à tresses rousses (manifestement inspirée de ses recherches sur Fifi) : elle sera appelé Mimiko. Il s'agit, bien évidemment, de l'héroïne de Panda petit Panda. Anne la maison aux pignons verts, Heidi et bien d'autres encore, la liste des séries réalisées par Takahata pendant les années 1970 est bien large. En 1983, alors que deux longs-métrages ont été, entre temps, réalisés par Takahata (Goshu le violoncelliste et Kié la petite peste), Miyazaki se voit attribuer l'adaptation en film d'animation du manga de Tokuma, Nausicaa de la vallée du vent. Isao Takahata est encore du voyage, mais cette fois-ci en tant que producteur, une première pour lui. C'est en 1984 que sort ce film, mais c'est un an plus tard que le grand Studio Ghibli apparaît, et avec lui Le château dans le Ciel, toujours produit par Takahata. Mais, la réalisation lui manquant, il adapte la nouvelle de Akiyuki Nosaka, Le Tombeau des Lucioles, œuvre qui le touche particulièrement car étant très proche de ce qu'il a vécu ou vu pendant la deuxième guerre mondiale. Après des réalisations à foison chez Ghibli, tant des adaptations d'ouvrages préexistants (Le Tombeau des lucioles) ou de mangas (Souvenirs goutte à goutte, Mes Voisins les Yamada) voire des idées originales (Pompoko), Takahata décide de diminuer ses activités dès 2000 (Mes voisins les Yamada étant sorti en 1999). Pendant cette "retraite", il entreprend beaucoup de voyages en France et à son retour au Japon il distribue en salles les films d'animation Les triplettes de Belleville et Kirikou. En 2003, il réalise une séquence pour l’omnibus Jours d'Hiver. Dix ans plus tard il revient dans les salles obscures avec un dernier long-métrage Le conte de la princesse Kaguya, adaptation d'un conte populaire. En avril 2015, au cours de sa 80ème année, le maître Takahata est élevé au rang d'officier de l’Ordre des Arts et des Lettres par l'État français. Il déclare, lors de la cérémonie effectuée à Tokyo : « La France est le pays où j'ai le plus voyagé et je suis des plus heureux d'être décoré par la nation dont je me sens le plus proche ». Lors de l'année 2017, des problèmes de santé, cardiaques notamment, l'obligent à séjourner de manière sporadique dans des hôpitaux. En fin d'année on lui diagnostique un cancer des poumons ; les médecins, au vu de son grand âge et de sa santé détériorée, ne lui donnent plus beaucoup de temps à vivre. C'est finalement dans la nuit du 5 avril 2018, dans un hôpital tokyoïte, qu'Isao Takahata nous quitte à l'âge de 82 ans, et avec lui une part de l'animation japonaise...
Rôles
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Fiche publiée le 10 septembre 2003 - Dernière modification le 20 août 2018 - Lue 10901 fois |