Fiche technique
Nom original | Batman : The Killing Joke |
| Batman : La blague qui tue |
Origine | Etats Unis |
Année de production | 2016 |
Production | Warner Bros, DC Comics |
Animation | Answer Studio |
Durée | 1h15 |
Auteur BD | Brian Bolland, Alan Moore |
Auteur "historique" | Bob Kane, Bill Finger |
Réalisation | Sam Liu |
Production | Alan Burnett |
Producteur exécutif | Bruce Timm, Michael E. Uslan, Benjamin Melniker, Sam Register |
Scénarii | Brian Azzarello |
Chara-Design | Jon Suzuki, William Nichols |
Direction de l'animation | Kazuyoshi Takeuchi, Seigo Kitazawa, Isamitsu Kashima |
Décors | Jay Hong |
Couleurs | Craig Cuqro, Christina Long |
Musiques | Kristopher Carter, Lolita Ritmanis, Michael McCuistion |
Adaptation française | Brigitte Duquesne, Henry Steimen |
Direction de doublage | Marc Saez |
Diffusions
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1ère diff. Cable/Sat/TNT | 8 octobre 2017 (Toonami) |
Synopsis
Gotham City, la ville de tous les dangers... La nuit, Batman le justicier masqué, aide la police de toutes ses forces pour lutter contre le crime, mission qu'il s'est imposé depuis qu'enfant, il a vu mourir sous ses yeux ses parents des mains d'un malfaiteur...
C'est aidé de Batgirl, la propre fille du Commissaire Gordon, que le chevalier noir s'oppose cette fois à Paris Franz, neveu d'un dangereux parrain de la pègre. La jeune fille, fougueuse et motivée, s'avère être d'une aide précieuse pour Batman, tout autant qu'elle le gêne, et leur relation devient complexe et ambigüe. Après la capture de Paris, Batgirl raccroche alors et promet d'abandonner son identité de justicière masquée trop dangereuse, pour finalement rester Barbara Gordon la bibliothécaire...
Quelques temps ont passé.
La découverte d'un meurtre étrange laisse Batman penser que le Joker, son éternel ennemi, un criminel complètement fou qui terrorise même la Pègre, est derrière tout ça. Tandis que notre héros découvre que le tueur à la peau blanche s'est bel et bien évadé de l'asile qui le retenait, celui-ci kidnappe le Commissaire Gordon après avoir tiré une balle sur Barbara sous ses yeux. La pauvre jeune fille, clouée au sol, va en rester paralysée à vie... porte ouverte à la descente aux enfers de son père et à la colère de Batman.
Commence alors une terrible chasse à l'homme. Batman écume la ville à la recherche du monstre, tandis que le Joker torture mentalement Gordon au cœur du Parc d'Attractions désaffecté qu'il a racheté avec une horde de forains monstrueux et dégénérés... Le Joker veut montrer à son irréductible ennemi qu'une banale journée peut devenir en un rien de temps le début d'une vie maudite et de cauchemars et vous faire sombrer dans la folie... Un parallèle sordide se fait alors avec le passé énigmatique du Joker, dont les origines brumeuses se dévoilent peu à peu... Batman sauvera-t-il Gordon de la folie absolue ?
Commentaires
"The Killing Joke" est l'adaptation du Comic-book éponyme de 1988 dessiné par Brian Bolland et scénarisé par Alan Moore. Cette BD, voulue comme un one-shot opposant une nouvelle fois Batman à son ennemi de toujours, le Joker, s'impose à sa sortie comme un immense succès et probablement encore à ce jour, est considérée comme l'une des meilleures histoires, si ce n'est LA meilleure, mettant en scène le psychopathe aux cheveux verts.
Les éléments du culte de cette œuvre sont multiples. D'abord le côté polar et sérieux, conférant au scénario une ambiance lourde, angoissante et malsaine. Batman, dont les aventures avaient longtemps été légères dans les années passées, se dirigeait lentement vers une partie plus sombre et adulte de son parcours. C'était les prémices du retour à une grande popularité de Batman, aidé en partie par le tout premier film de Tim Burton en 1989.
Par ailleurs, c'est dans cette BD qu'un personnage mythique est écarté ! Barbara Gordon reçoit une balle du Joker dans une scène choquante et éprouvante teintée de sadisme et se retrouve paralysée à vie. Elle ne pourra plus être Batgirl (mais devient Oracle, un agent de renseignements). Les auteurs avaient demandé à DC Comics s'il y avait une objection à diminuer Barbara, ce à quoi ils n'ont rencontré aucun refus particulier. La scène qui suit l'agression, dans laquelle le Joker sourire aux lèvres, prend des photos de Barbara nue et paralysée tandis que son père se fait tabasser sous ses yeux, marquera par son côté adulte et épouvantable tous ceux qui l'auront lue... En outre (et surtout ?) c'est la première fois que les origines du Joker sont clairement développées ! Depuis sa création en 1940, jamais le criminel n'aura eu de véritable nom ou de passé fixe, même si parfois des pistes quant à sa genèse furent données. C'était un tour de force que d'oser toucher à ce mythique personnage, et on apprend alors qu'autrefois, le Joker aurait été un comique raté, pétrifié à l'idée de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa femme et de son futur enfant. Il aurait accepté d'aider une bande de malfrats à cambrioler une usine en échange de quelques billets, sous le masque de Red Hood... Mais entre-temps il aurait appris que sa femme est morte dans un accident. Obligé par le gang d'accomplir malgré tout leur méfait, il tombe dans une embuscade de la police qui le fait paniquer. Un jeune Batman tentera de l'arrêter alors qu'il prenait la fuite mais le malheureux tombe dans une cuve de produits chimiques qui le transformeront en Joker et le rendront fou... Cette histoire passionnante et crédible, a toutefois été atténuée par la suite. Le Joker, dont la psyché est totalement perturbée et malade, a souvent modifié des détails de son passé et changé la réalité de ses origines, si bien que si la saga racontée dans "The Killing Joke" est considérée par beaucoup comme l'origine exacte du Joker, elle ne saurait pourtant être considérée comme fixe ou stable... Une façon de remodeler le personnage à foison et de lui conserver une part de mystère et de complexité au fil des ans.
Enfin, une rumeur intéressante veut que le titre "the killing joke" fasse référence à la scène finale ou Batman et le Joker rient ensemble après une blague du tueur. Alors qu'on assiste à un hors champ, on entend les rires des deux hommes. Tout comme dans la BD, celui du Joker s'arrête tandis que celui de Batman continue. Certains ont alors pensé que le héros avait fini par craquer et tuer son rival, ce qui ne sera jamais confirmé par les auteurs afin de laisser libre court à l'imagination du lecteur (même si bien entendu, les histoires suivantes montreront un Joker bien vivant). Ce point de scénario est intéressant tant Batman a toujours été sur la corde avec le Joker. La relation entre les deux êtres prendra encore une autre tournure quand quelques temps après, le Joker tuera Robin et achèvera de faire basculer Batman dans ses démons obsessionnels.
Une adaptation de cette œuvre a longtemps été souhaitée mais n'avait encore jamais vu le jour. Trop adulte, trop violente, il était difficile de la concevoir. Pourtant, DC et Warner ont profité de la mise en œuvre de nombreux titres originaux pour leur catalogue de sorties Direct-To-DVD, pour exploiter enfin cette histoire, rallongée de détails. La remise en avant du Joker au cinéma, via le film "Suicide Squad" ou le psychopathe est interprété de façon étonnante et nouvelle par Jared Leto, a peut-être aussi accéléré l'idée. Pour cette adaptation d'1h 15, on y a ajouté une première partie centrée sur Batgirl. L'histoire est intéressante mais n'amène au fond pas grand chose si ce n'est de développer l'affection qui lie Batman à Barbara mais c'est sans doute à peu près tout. Le but non avoué est clairement d'accentuer un attachement au personnage de Batgirl/Barbara auprès du spectateur pour rendre plus forte la scène de torture que la jeune fille subira par la suite, mais l'absence de lien réel entre les deux parties du métrage rend un peu bancal cet effet. La seconde partie reprend fidèlement le scénario du comics, presque au dessin prêt ! Quelques ajouts ont été faits pour rallonger un peu l'histoire mais globalement, ceux qui ont aimé la BD se retrouveront dans le film. Techniquement réussi, le dessin animé est attendu au tournant. On y note une petite erreur (Batman observe une série de visuels du Joker sur grand écran et on y voit le visage de Robin pendant son passage à tabac... Une scène qui n'était pas encore arrivée à ce moment de l'histoire !) Côté doublage, la VF n'a pas manqué de diviser sur les choix éditoriaux de Marc Saez qui a attribué des voix différentes aux personnages plutôt que des habituelles entendues jusque là. Si Jacques Ciron retrouve pour quelques lignes le personnage d'Alfred, c'est désormais Emmanuel Jacomy qui double (plutôt bien) Batman tandis que Saez campe un Joker hors de contrôle et terrifiant. Plus étonnant, Jean-Claude Sachot est toujours là, mais plus sur le Commissaire Gordon, pourtant au cœur de l'intrigue ! Globalement, la VF s'en sort avec les honneurs, ce qui n'était pas si évident sur ce titre difficile, destiné principalement à l'exploitation vidéo.
A noter que la BD a été rééditée. Quelques cases ont été retravaillées et surtout, la couleur refaite, perdant ce côté un peu acidulé de la fameuse première édition (intitulée "Souriez !" dans sa vieille version française !) Pour les fans de Batman, ce film reste une façon jubilatoire de revisiter un classique absolu de la BD.
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