Fiche technique
Nom original | Jûichi-nin iru! (11人いる!) |
| Nous sommes onze ! |
Origine | Japon |
Année de production | 1986 |
Production | Magic Bus, Kitty |
Durée | 91 minutes |
Auteur manga | Moto Hagio |
Réalisation | Satoshi Dezaki, Tsuneo Tominaga |
Assistant-réalisation | Mitsuko Kase |
Production | Hidenori Taga |
Scénarii | Toshiaki Imaizumi, Katsuhiko Koide |
Story-boards | Ryonosuke Natsuhime, Mitsuko Kase, Hideo Watanabe, Takayuki Kaneko, Ryûtarô Nakamura, Tsuneo Tominaga, Satoshi Dezaki |
Animation | Setsuko Shibuichi, Yukari Kobayashi, Yoshiaki Matsuda, Mayumi Ogura, Ken'Ichi Maejima, Masakatsu Sasaki, Shin'Ichi Suzuki, Akemi Takizawa, Yorihisa Uchida, Kanae Sugiyama, Yukihiro Makino, Hidenori Ôshima, Yoshimitsu Ohashi, Toshiaki Kanbara, Fumiko Kishi, Yoshie Kawamura, Ayako Tanaka, Kaori Yamada, Miyuki Nonaka, Ami Tomobuki, Toyomi Sugiyama, Yoshio Usuda, Keiji Okumura, Chizuko Hashimoto, Yoshiharu Hasegawa, Yoshitaka Katô (2), Yoshiko Koshimizu, Etsuko Ishiwari, Michinori Shirato, Sachiko Tada, Tamaki Kanbe, Hirotsugu Ichizumi, Kyôko Fukui, Chieko Kudô |
Effets Spéciaux | Ken'Ichi Maejima |
Planning | Shigekazu Ochiai |
Chara-Design | Akio Sugino, Keizô Shimizu |
Mecha-Design | Yôichi Yajima |
Direction de l'animation | Keizô Shimizu, Setsuko Shibuichi (assistante), Yukari Kobayashi (assistante) |
Direction artistique | Jun'Ichi Higashi |
Direction du son | Shigeharu Shiba |
Décors | Sadako Minamisawa, Harumi Kitagawa, Yôichi Yajima, Takao Shimizu, Kokushô Suzuki, Toshiharu Iijima, Seiya Kageyama |
Chef coloriste | Yukiko Nunomoto |
Direction photographie | Nobuo Koyama |
Musiques | Yasuhiko Fukuda |
Editions
Sortie en VHS | prévue pour le début des années 90 mais annulée (Dagobert Vidéo - les fantastiques) |
Synopsis
Dans le futur, les Terriens ont colonisé de très nombreuses planètes et installé des colonies qui ont fini par former les Nations Galactiques. Parmi les nations les plus puissantes, on retrouve bien sûr la Terre mais aussi Selva (Saba en VO) et Seguru (Segul), avec qui les habitants de la planète bleue ont au d’abord été en conflit avant de signer un traité de paix interplanétaire. Il y a 120 ans, la fédération interplanétaire a créé l’Académie de l’Espace (Cosmo Academy), la plus haute institution d’enseignement d’où est issue l’élite de toutes les galaxies. Des candidats venus de différentes planètes passent les tests d’entrée qui s’avèrent très difficile. S’ils échouent, ils devront attendre 3 ans avant de pouvoir se représenter. Lorsque notre histoire commence, 10 candidats se retrouvent pour passer le test final : il s’agit d’une épreuve technique où ils doivent montrer leurs capacités à (sur)vivre pendant 53 jours dans un vaisseau à la dérive. Seul hic : ils s’aperçoivent à leur arrivée qu’ils sont... 11 ! Immédiatement, ils cherchent à savoir qui est l’intrus, mais sans succès. Ils n’ont pas le temps de s’attarder dans leur enquête car un incident se produit sur le vaisseau et ils doivent intervenir.
Une fois les réparations opérées, ils apprennent qu’en cas de problème ils pourront appuyer sur un bouton d’urgence mais s’ils le font, ils seront disqualifiés. Les 11 candidats décident donc de ne pas reporter aux examinateurs le fait qu’il y a un intrus parmi eux. Puis, tout à tour, chacun se présente : il y a Maya Baseska dit "Sire", roi de la planète Aritoskal (Baseska, roi Maya de la planète Aritoskaré en VO), Soldam Dorikas de la 4ème génération (Soldam "Fourth" Dorikas), venu du même endroit, Amazone Karnaice de la planète Terra (Amazone Karnice de la planète Shushu située dans la galaxie de Terra), Chako de la planète Quioss (Chako Kaka de Quess), Dorf (Dolf Tasta) dit "Nez Rouge" de Peroma, Toto de Misi (Misse), Frol Broucheri de Varna (Flore Belichelli de Véné), Knumé Videmen de Vignu (Viidemnir Nuum de Windau), Gandja Midas de Toledoga (Ganigas Gagtoss de Toredorega), Glenn Gramm de la grande planète blanche (Glen Gloff de Grisblanc) et enfin Tada Tadatos de Syberies Terra (Tadatos Lane de la planète Sybelis dans la galaxie de Terra), le personnage principal de cette histoire.
Tada possède une sorte de sixième sens ou d’intuition qui lui permet de deviner un certain nombre de choses. Malgré cela, il ne parvient pas à identifier l’intrus. En revanche, le vaisseau lui semble étrangement familier, au point qu’il semble savoir à l’avance ce qu’il va y trouver ! Même s’il a certains pouvoirs, cela éveille des soupçons chez ses camarades - en particulier Baseska qui se pose en leader - qui se demandent s’il ne serait pas le 11ème passager. Dans le même temps, Tada, Flore et Amazone émettent une autre hypothèse : et si l’intrus était un fantôme ? Tada finit par faire presque l’unanimité contre lui lorsqu’il cause malencontreusement un accident qui manque de tuer Gandja. Tada a pourtant entendu une voix dans sa tête lui demander de remettre le courant (alors que Gandja réparait des fils électriques) mais quasiment personne ne le croit, même après qu’il a opéré et sauvé Gandja. Heureusement, ce dernier se réveille et prend sa défense.
Cette opération permet de découvrir la vraie nature de Gandja : c’est en fait un clone dont l’organisme contient de la chlorella. Les habitants de sa planète d’origine ne vivant pas plus de 30 ans, ils ont décidé de tester les vertus de la chlorella sur un clone pour voir si cela ferait augmenter leur espérance de vie. Gandja a l’intention de devenir médecin pour sauver son peuple. Videmen explique que son peuple aussi vit très peu de temps : une seule année, bien que celle-ci dure en réalité bien plus longtemps qu'une année terrestre. Bientôt, la constitution d’un autre membre va étonner tous les autres : celle de Frol. En effet, non seulement il est androgyne mais en plus il est asexué !
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Commentaires
En 1987/1988, une société japonaise du nom de Gaga Communications cherche à exporter certains anime et démarchent les Américains mais aussi les Européens pour leur vendre des films et des OAV. En France, Gaga Communications fait affaire avec AB Productions qui, en 1991, sort Cristal Triangle et la Cité Interdite à destination d’un public plus âgé que celui qui regarde le Club Dorothée. Or, le groupe peut difficilement faire la promotion de ces vidéos dans son émission, si bien que ces titres passent inaperçus. Du coup, d’autres œuvres déjà doublées en prévision d’une sortie (Macross / Robotech, (Ken le survivant, le film) devront attendre quelques années et le boom du secteur vidéo pour être éditées, tandis que d’autres resteront "dans le placard". C’est le cas de Jûichi-nin iru!/They Were Eleven, doublé en 1990, et qui restera inédit aussi bien à la télévision qu’en vidéo. Certains fans arriveront cependant à se procurer la version française qui circulera dès lors "sous le manteau" avant d’être partagée (illégalement) bien des années plus tard sur internet. Entre-temps, le titre sera édité aux Etats-Unis en VHS (en 1993 en VO sous-titrée puis en 1996 en version doublée) et en DVD (en 2004).
Ce long-métrage de 1986 est tiré du manga Jûichi-nin iru!/Nous sommes Onze de Moto Hagio (le cœur de Thomas), paru au Japon de septembre à novembre 1975 dans le magazine Shôjo Comic et publié en France bien des années plus tard (fin 2013 !) chez Glénat dans le recueil « De la rêverie » (publié en même temps qu’un autre recueil, « De l’humain »). Assez peu connue en France, Moto Hagio est une autrice fameuse au Japon, faisant partie du Groupe de l'an 24, composé de femmes ayant révolutionné le shôjo manga. Elle est par exemple l’une des premières autrices à écrire des histoires de romance homosexuelle. Ses œuvres offrent souvent aux femmes des rôles novateurs pour l’époque, alors qu’elles étaient jusque là cantonnées à ceux de personnes en détresse devant être secourues par le héros. Jûichi-nin iru! a reçu le prix Shogakukan en 1976, prix partagé avec une autre œuvre de Moto Hagio, Poe No Ichizoku (5 tomes de 1972 à 1976), inédite en France. Une suite à Jûichi-nin iru! sera publiée de décembre 1976 à février 1977 : Zoku 11-nin Iru!: Higashi no Chihei, Nishi no Towa (Est et Ouest - Un lointain Horizon, aussi publié en France chez Glénat). Jûichi-nin iru! sera adapté en drama de 40 minutes sur la NHK en 1970, en film d'animation (dont il est question ici) sorti en 1986 dans les salles japonaises en binôme avec le long-métrage Tobira o Akete, et même en pièce de théâtre en 2004.
Si ce récit a beaucoup marqué son époque, c’est parce qu’il était l’un des premiers à mélanger le genre shôjo à la science-fiction, apportant ainsi une grande originalité aux histoires classiques de conquêtes galactiques et autres batailles stellaires. Tout d’abord, l’ambiance est celle d’un huis-clos oppressant, voire d’un thriller psychologique où les personnages sont au cœur de l'intrigue. Malgré la courte durée du récit (120 pages environ) la personnalité de chacun des membres du vaisseau est très fouillée, plusieurs d’entre eux ayant des histoires très intéressantes (mais souvent tragiques) qui permettent à l’autrice d’aborder plusieurs sujets : l’égalité des sexes, les disparités entre les classes, mais aussi la question du genre, dont on parle beaucoup actuellement alors que dans les années 70 il s’agissait d’un thème peu fréquent ! Ce dernier point montre d’ailleurs bien combien le récit de Moto Hagio est encore dans l’air du temps, malgré ses 40 ans. En revanche, le côté science-fiction est un peu léger, tout n’étant pas très crédible (que ce soit la manière dont les voyageurs font dévier leur vaisseau de son orbite à la fin ou le fait qu’on ait injecté de la chlorella – une algue tout ce qu’il y a de plus banale – à Gandja/Ganigas en guise d’expérience scientifique). Les personnages secondaires sont aussi assez caricaturaux, ne serait-ce que dans leur apparence très simpliste.
Le film est très fidèle au manga, si bien qu’on trouve peu de différences au niveau de l’histoire. On notera juste que le personnage de Elder, le vieil homme qui a élevé Tada/Tadatos, apparait dans plusieurs flashbacks (alors qu’on l’aperçoit à peine dans la version papier) et qu’une scène entre Tada, Flore et Amazone qui émettent l’hypothèse (vite abandonnée) que l’intrus serait un fantôme a été "brodée" à partir d’une remarque présentée uniquement par Flore dans le manga et immédiatement jugée fantaisiste. Autres légers changements : Gandja/Ganigas devient ici un clone, sans doute à cause des avancées scientifiques des années 80, alors que c’était simplement un cyborg dans le manga (à moins que ça ne soit une mauvaise traduction de la VF) et le personnage d’Amazone est mis un peu plus en avant. Enfin, un épilogue a été rajouté à la fin pour nous raconter ce que sont devenus les personnages après cette histoire, prologue qui n’est pas forcément très cohérent avec la suite Est et Ouest - Un lointain Horizon.
Mais c’est surtout visuellement qu’on remarque des changements, la plupart des personnages ayant été relookés, en particulier Tchako et Toto qu’on peine à reconnaître. Le film a été co-réalisé par Tsuneo Tominaga (Caliméro et ses amis, Initial D) et Satoshi Dezaki (Lamu : the final chapter, Grey), qui n’est autre que le grand-frère d’Osamu Dezaki (Cobra, Très cher frère). On notera d’ailleurs que le collaborateur attitré de ce dernier, Akio Sugino (Rémi, Joe 2) a co-signé le character design de They Were Eleven.
La version française est assez correcte en ce qui concerne le choix des comédiens (on notera que chaque personnage a sa voix attitrée) mais l’adaptation est beaucoup moins satisfaisante. Non seulement les noms ont été maladroitement traduits pour la plupart, mais surtout le personnage de Frol/Flore est considéré comme une femme par les autres et par elle-même dès le début du récit, en témoigne les dialogues ("t'es la fille la plus bizarre que j'ai jamais rencontrée" ou "je vais devenir folle" par exemple). Cela rend incompréhensible la scène où ses coéquipiers pensent découvrir que c'est une fille ! (avant d’apprendre que c’est un être asexué). Par ailleurs, on nous dit dans le prologue que Frol est finalement devenue une femme, alors que l'ambiguïté n’est pas levée en version originale. On sent bien la volonté de taire l’ambiguïté sexuelle du personnage mais aussi le trouble de Tada/Tadatos lorsque celui-ci pense au début que Frol/Flore est un homme.
Note : Nous avons choisi le titre international They Were Eleven pour nommer cette fiche, ne sachant pas quel titre français l’éditeur AB Productions aurait choisi en vue d’une exploitation en VHS. Il est possible que cela aurait été une traduction littérale du titre Star Odyssey choisi par Gaga Communications pour vendre ce film dans les années 80. Une rumeur non sourcée fait aussi état du titre Le 11ème passager.
Merci à Kami pour la traduction des noms des animateurs.
Doublage
Voix françaises (Studio SOFRECI) :
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