La Princesse et la Grenouille

La Nouvelle-Orléans, au début du siècle dernier. Tiana est une jeune serveuse travailleuse qui rêve d'ouvrir son restaurant. Au contraire de Charlotte, son amie d'enfance et fille du richissime monsieur Leboeuf, qui rêve toujours du prince charmant, Tiana a abandonné les joies et les amusements liés à l'enfance depuis longtemps, ignorant les fêtes afin de réaliser son rêve.

Un soir, lors d'une fête organisée par monsieur Leboeuf en l'honneur de l'arrivée du Prince Naveen, Tiana, qui s'est occupée du buffet, tombe sur une grenouille qui s'avère être le prince lui-même. Il a en effet été victime d'un maléfice du docteur Facilier, un sinistre saltimbanque qui pratique la magie vaudou et qui a transformé le prince et échangé sa place avec son majordome Lawrence afin d'assouvir de sombres desseins.
Croyant que Tiana, dans sa ravissante robe, est une princesse, il la persuade de lui donner un baiser afin de conjurer le sort, comme dans le célèbre conte de fée.
Mais après le baiser, c'est l'effet inverse qui se produit, et voici Tiana transformée elle aussi en grenouille !

Tous deux s'enfuient et se réfugient dans le bayou. Après avoir affronté toute sortes de dangers (alligators, braconniers...) les deux grenouilles font la connaissances de Louis, un alligator amateur de jazz, et de Ray, une luciole romantique, qui leur conseillent d'aller Mama Odie, une sorcière bicentenaire qui serait en mesure de leur rendre leurs formes normales ou du moins de les aider.
La route sera longue, et les deux héros devront parvenir à s'entendre malgré leurs personnalité très différentes, Naveen étant un playboy irresponsable et fêtard et Tiana étant l'exact opposée !

La Princesse et la Grenouille n'aurait jamais pu voir le jour sans l'insistance de John Lasseter qui tenait absolument à ce que ce conte de fée soit réalisé en animation traditionnelle alors que de nos jours ce sont surtout les films d'animation en image de synthèse qui marchent le mieux.

Le film se présente donc comme un grand retour aux sources pour Disney avec l'adaptation d'un conte de fée ayant pour héroïne une princesse.
Les auteurs ont choisi de sortir des sentiers battus en proposant une adaptation libre d'un conte connu et ancrée dans un univers prédéfini : la Nouvelle-Orléans des années 20-30. Le film baigne donc dans une ambiance jazzy et tout a été mis en œuvre afin de rendre réaliste le décor de la Nouvelle-Orléans et des bayous tout en faisant preuve de créativité et en rendant hommage aux grands classiques de la firme. Le vaudou joue également un rôle essentiel dans l'intrigue.

Le film fit grand bruit lorsque les réalisateurs révélèrent que l’héroïne serait noire, arguant qu'elle serait la première princesse afro-américaine du studio, bien qu'elle ne soit pas la première princesse de couleur (rappelons-nous Pocahontas et la Princesse Jasmine d'Aladdin).

La sortie de la grosse machine Avatar de James Cameron n'a pas empêché le film d'être un grand succès, tant critique que public.
Avec ce film, le studio est parvenu à renouer avec la marque de fabrique de la firme. On y retrouve ses principales qualités : un excellent divertissement, des personnages bien écrits (notamment un méchant charismatique), des chansons sympathiques composées par Randy Newman, un doublage réussi et de très bons messages, comme l'importance de travailler mais aussi de profiter de sa jeunesse. D'ailleurs, le personnage de Tiana rejette complètement les joies de la jeunesse et les rêves d'enfants, en particulier ceux liés aux contes et aux histoires de princesses. Peut-être peut-on y voir une réponse du studio face aux critiques habituelles de leurs détracteurs ?
L'animation est superbe et l'aspect graphique bien travaillée, on sent à quelle point l'équipe tenait à réaliser un film ambitieux et bien réalisé. Les effets spéciaux lors des séquences avec Mama Odie et le Docteur Facilier impressionnent et on baigne dans une ambiance jazzy des plus entrainantes, qui rend notamment hommage à Louis Armstrong. Fait amusant, le studio avait tenté de réaliser une suite à Fantasia, sous le titre de Musicana, dont l'une des séquences avait pour musique une chanson d'Armstrong et prenait place dans le sud des États-Unis avec pour protagonistes...des grenouilles !

Malgré le succès du film, aucun autre projet de film d'animation à la main n'a été planifié par Disney depuis. Sans nier les indéniables qualités visuelles et narratives de leurs longs-métrages en images de synthèses, il serait dommage que la compagnie cesse définitivement de réaliser des films dans le style d'animation à l'origine de son succès.