L’Île de Black Mor

Au début du 19ème siècle, sur les côtes de Cornouailles, l’histoire débute dans un orphelinat - faisant plutôt songer à un bagne - où les enfants sont traités comme des esclaves. Kid, un jeune adolescent ayant été abandonné par son père à sa naissance, est bercé depuis toujours par les histoires de Maître Forbes, un vieil instituteur qui aime conter aux enfants les histoires du fameux pirate Black Mor. Celui-ci, de sa main en fer, vécut de nombreuses aventures palpitantes. Mais le vieux Forbes se fait renvoyer par le directeur, ce dernier voyant d’un mauvais œil le fait qu’il raconte ces histoires plutôt que d'instruire et d’inculquer la religion aux jeunes pensionnaires.

Ne trouvant pas ce qui pourrait encore le raccrocher à ce sinistre établissement, le Kid décide de s’enfuir, non sans avoir récupéré un bout de papier se trouvant dans le livre de Forbes. Il s’agit en fait d’une carte indiquant l’emplacement d’une île où Black Mor a caché son butin, et qui représente une véritable fortune. En chemin, il fait la rencontre de Mac Gregor et La Ficelle, deux flibustiers et gibiers de potence, puis s’empare d’un navire utilisé par les gardes-côtes, où se trouvent d’ailleurs Taka, un déserteur noir, et son singe Jim.
Après avoir kidnappé un petit moine dans un monastère - qui s’avère être une jeune fille se faisant passer pour un garçon - afin de lire et de déchiffrer la carte, l'équipage largue les amarres et prend le large à la poursuite du trésor de Black Mor...

Le troisième long-métrage de Jean-François Laguionie (après Gwen le livre de sable et Le Château des Singes) est adapté d’un roman écrit par le réalisateur la même année que la sortie du film et qui rend un hommage aux grands romans d’aventure, particulièrement ceux des romanciers tels que Robert Louis Stevenson (L'Île au Trésor) ou Joseph Conrad.
Réalisé en animation traditionnelle mais animé par ordinateur, l’univers du film est très influencé par la culture bretonne et surtout par la marine, de nombreuses personnalité du métier ont d’ailleurs été sollicitées pour travailler sur le film comme consultants. L’aspect graphique a été crée par le regretté Bruno Le Floc’h, auteur breton de bandes-dessinées ayant œuvré pour des ouvrages rendant hommage à la culture de sa région et se déroulant justement dans un contexte maritime, ce qui se ressent évidemment beaucoup ici.

L’île de Black Mor est un très sympathique film, agréable à voir, on apprécie les aventures de ce jeune héros qui veut devenir pirate ainsi que l’animation qui très bonne.
Si les dessins et le visuel du film font penser à un film très enfantin, le scénario complexifie les personnages à mesure que l'aventure évolue, notamment les deux héros, Kid et Petit Moine, qui ont chacun une personnalité et une psychologie bien explorée. Il faut également noter une scène de nudité au milieu du film.
Comme dans Gwen, le livre de sable, le réalisateur met en scène un univers régit par des lois parfois absurdes où les héros évoluent dans une réalité dure et pessimiste, ne trouvant le réconfort qu’à travers un personnage libre et anticonformiste, qui deviendra leur motivation principale tout le long de leur quête (le pirate Black Mor pour le Kid et le garçon sans voile pour Gwen).
Enfin, les voix des personnages ont été confiées à des comédiens spécialisés dans la synchro comme à des stars non habituées à cet exercice (ce qui s'entend !).