Le Bateau Volant

Fiche technique
Nom originalThe Fool of the World and the Flying Ship
L'idiot du monde et le vaisseau volant
OrigineRoyaume Uni
Année de production1990
ProductionCosgrove/Hall Productions, WGBH Boston
Durée1 x 60 minutes
AuteurArthur Ransome (d'après un conte traditionnel russe)
Création des personnagesBridget Appleby, Colin Batty, Brian Cosgrove
RéalisationFrancis Vose
ProductionChris Taylor
Producteur exécutifCarole Grinwald
ScénariiJohn Hambley
Direction artistiqueBridget Appleby
MusiquesMike Harding
 
» Staff étendu
Diffusions
1ère diffusion francophoneAnnées 90 (Radio Québec - Ciné-Cadeau)
1ère diff. Cable/Sat/TNTsamedi 2 octobre 1993 (Canal J)
Rediffusionsdimanche 3 octobre 1993 (Canal J)
Synopsis

Le tsar Nicolas reçoit en son palais, sur les conseils de son grand chambellan, la visite du prince d'Anatolie, tout en rondeur et peu sur de lui. Celui-ci promet à l'empereur qu'il va lui offrir un navire bâti tout en or, si le tsar veut bien lui donner la main de sa fille, la princesse Alexeya. Cette dernière peu encline à accepter la demande, soumet à son père qu'elle épousera celui qui sera à même de concevra un bateau volant. Le tsar amusé par cette idée, et peu désireux à marier sa fille au prince qui l'a demande, fait alors placarder dans toute la grande Russie, un avis allant dans ce sens. Le père et son enfant sont ici quelque peu complices en prenant une telle décision, sachant qu'il est peu probable que quelqu'un puisse y pourvoir. Cependant, le tsar veut tout de même marier sa fille, et si un tel prétendant se présentait, il suppose que ce devrait être un homme remarquable, et donc qu'il pourrait avoir sa confiance et lui donner son enfant en mariage. Mais la princesse préférerait que cela se déroule de manière plus naturelle, et non soumis à des impératifs impériaux.

Dans une contrée enneigée fort éloignée du palais, alors que le jeune Piotr coupe du bois, ses frères Boris et Sergeï qui le considèrent comme un simple d'esprit, aperçoivent au cours de leur flânerie, sur un arbre, un édit impérial annonçant la décision de la Cour. Ils profitent de cette occasion pour demander à leurs parents les faibles économies qu'ils ont, pour leur permettre de réaliser le souhait de la princesse. Mais cela n'est que subterfuge pour dépenser cet argent en ripailles et beuveries. Sur leur chemin, ils croiseront dans la forêt un vieil homme bien mystérieux qui sera les jauger à leur juste valeur.

N'ayant pas de nouvelles de ses frères, Piotr part à leur recherche et rencontre lui aussi le vieil homme mystérieux. Celui-ci voyant la bonté du jeune homme, sa simplicité perçue par les autres comme de la bêtise, converse avec lui. Piotr avoue alors qu'il aimerait bien trouver lui-même un bateau volant, non pas pour épouser la princesse, mais tout simplement pour offrir quelques richesses à ses parents et ses frères. Le vieil homme fait promettre à Piotr que si par miracle il devait trouver un tel bateau, et qu'il en soit le capitaine, il est une coutume qu'il devrait respecter, celle de ne jamais refuser à un voyageur le lui demandant de monter à son bord, et cela quelque soit son rang social. Piotr s'étant endormi, on découvre que ce vieil homme est un magicien, car grâce à son pouvoir, utilisant la neige à sa disposition, il donne forme et vie à un bateau...


» Résumé complet


Commentaires

Cette adaptation d'un conte russe, et plus précisément ukrainien (il emprunte de nombreux éléments aux contes L'Oie d'or et Les Six Compagnons des frères Grimm, contes ayant notamment été adaptés dans le 6ème et 14ème épisode de la série Raconte-moi une histoire, et qui eux-mêmes empruntent à quelques autres contes), est ici assez fidèlement transposée, et même magnifiée, grâce aux artistes anglais du studio de Brian Cosgrove et Mark Hall. Habitués à fournir un travail d'une grande exigence tant au niveau visuel au travers de l'animation en volume animée en stop motion, que de l'écriture avec une narration simple mais toute en finesse, ils ont fait, une nouvelle fois dans cette forme, acte de magie. La critique a, tout autant que le public, été sous le charme de ce long-métrage qui a reçu de nombreux prix, comme le Meilleur programme pour enfant au Intl Emmy (1991), ou le Premier prix au Chicago International Children's Festival (1992). Les téléspectateurs français qui ont eu le petit bonheur de le voir dans les années 90, en ont gardé, malgré son décor hivernal, un souvenir très chaleureux.

On notera que si le long-métrage nous montre un tsar sous le nom de celui de Nicolas, il est ici idéalisé graphiquement, car il ressemble beaucoup plus à un Ivan, de même que son royaume, qu'à l'empereur Nicolas 1er. Ce choix est notamment influencé par l'imagerie inconsciente d'une telle personnalité, mais également par les diverses versions du conte qui place l'action de celui-ci dans une Russie ayant conservé quelques aspects moyenâgeux.
Tout en respectant admirablement la forme de cette histoire dans sa narration, l'animation se permettra quelques petites touches visuellement amusantes, notamment quand les protagonistes aux dons particuliers mettent ceux-ci en action. Concernant la scène où l'on voit le magicien donné naissance au bateau volant, elle est à la fois simple et d'une grande finesse. La poésie qui se mêle à cette transformation est de toute beauté, la neige et la glace prenant la forme d'un vaisseau ailé empruntant les courbes pures d'un cygne à la blancheur immaculée. Cette pureté fera évidemment écho à celle du jeune Piotr. Si le merveilleux s'inscrit parfaitement dans cette scène, une autre inspirera la frayeur, l'armée des arbres étant graphiquement impressionnante de par la morphologie terrifiante donnée à chaque plante. Ainsi le métrage est-il riche de ces divers éléments qui permirent aux artistes de créer différentes atmosphères et d'apporter à ce traditionnel russe, une majestueuse et délicate mise en images.

Si l'origine du conte, mêlé à la forme qui lui est ici donnée, évoque aussi quelque peu l'animation en stop motion des pays de l'Est (notamment en s'inspirant de l'univers graphique des contes en ces régions), cela nous donne l'occasion d'ajouter que Garri Bardine, grand maitre de l'animation russe (stop-motion et dessins animés), adaptera librement cette histoire, offrant une autre variation du conte pour son Bateau Volant (1979) musical, court-métrage d'animation au sein du célèbre studio Soyuzmultfilm.

Concernant le texte original, aucune des versions rapportées ne semblent avoir été traduites en français, ni celle d'Arthur Ransome dans son recueil Old Peter's Russian Tales (1916), ni celle issue du livre The Yellow Fairy Book (1894) d'Andrew Lang (1844-1912), spécialiste philologue de cette forme littéraire. On peut toutefois trouver en France, une version devenue rare, adaptée par Alexis Jakowleff publiée chez Flammarion, avec de magnifiques dessins de l'illustratrice Kinuko Y. Craft dont l'inspiration puise entre autre dans l'univers celtique. Un autre album conçu en 1975, hélas non traduit dans l'hexagone, est également a signalé. Il s'agit de l'adaptation de Rosemary Harris, illustrée avec magnificence et sensibilité par Errol Le Cain (1941-1989), artiste qui maitrisait à merveille l'élégance du trait, ainsi que la mise en scène de ses dessins que l'on peut considérer comme de véritables tableaux, tels ceux des artistes peintres russes de Palekh qui ont également, à plusieurs reprises, illustré ce conte sur le traditionnel bois laqué. Une version un peu plus récente dessinée par Valeri Gorbachev adopte un graphisme plus enfantin avec des tons pastels, tout en faisant du bateau volant, un petit drakar de bois. Parmi quelques autres volumes, on trouve également celui de John Hambley, le scénariste de ce long-métrage qui a aussi produit cette adaptation, dans le même temps, sous la forme d'un ouvrage.

Pour certains des personnages et compagnons de voyage du jeune Piotr possédant des caractéristiques fantastiques, on notera l'influence majeure des fameuses Aventures et Mésaventures du baron de Münchhausen (1785). En effet, l'Archer à l’œil perçant, l'Eclair qui marche sur une seule jambe car il est trop rapide sur deux, et l'homme dont les oreilles et l'ouïe sont fortement développées font chacun référence à un compagnon du baron de Münchhausen, de ceux que ce dernier rencontre au sein de son récit dans le 10ème chapitre Cinquième aventure de mer puis le suivant où ceux-ci lui furent d'un grand secours. Si les aptitudes qu'ils possèdent sont les mêmes, la situation qui se présentera lors de la dernière épreuve (la première dans le conte original) imposée par le grand chambellan sera également identique, à la différence toutefois que le baron fit aller chercher à la suite d'un pari un vin hongrois, et que le grand chambellan demanda qu'on lui apporte l'eau d'argent d'un lac magique.
C'est par ailleurs autour de ces compagnons que certaines adaptations des aventures du baron, même si ceux-ci n'occupent qu'assez peu de temps et de pages dans le récit original, sont conçues avec eux comme élément de base, tel Jean Image qui leur consacrera la première moitié de son métrage et Terry Gilliam qui imposera leur présence sur toute la durée de l'aventure qu'il mit en scène (comme leur présence impose une certaine longueur dans la narration, ils seront absents dans des productions plus courtes mettant notamment l'accent sur les faits de chasse, comme le court-métrage allemand de Hans Held en 1944 ou encore les courts russes libres mais néanmoins respectueux produits par le Studio Ekran en 1973-74 et 1995).
A l'égard encore des trois personnages aux mêmes aptitudes décrites et mises en scène de façon similaire dans le texte du baron au 18ème siècle et le conte russe datant peut-être du 19ème siècle, on peut s'interroger s'il n'y a pas en amont une source plus ancienne, ou si tout simplement le conte russe existait déjà du vivant du baron et que ce dernier s'en serait inspiré, ayant éventuellement pris connaissance de celui-ci alors que pendant 10 années il servait dans l'armée russe en Crimée...

Petite chose amusante concernant le doublage, on remarquera que si Roger Carel oeuvre à la narration de ce métrage pour la version française, c'est David Suchet qui officie à ce rôle dans la version originale, le même David Suchet que notre cher Roger Carel double dans la série Hercule Poirot.

Doublage
Voix françaises :
Roger Carelle narrateur, le Forestier, Boris (frère de Piotr)
Philippe Dumatle tsar Nicolas, l'Archer à l'oeil-perçant
Jerôme RebbotPiotr
Odile Schmittla Princesse Alexeya
Jacques Ferrièrele grand chambellan, l'Eclair
Roger Lumontle père de Piotr, le vieil homme, l'Ouie fine
Michèle Bardolletla mère de Pyotr, Madame Boulimie
Claude Rolletle prince d'Anatolie, Sergueï (frère de Piotr), le Fermier
Auteur : Captain Jack
Doublage : Captain Jack
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The Fool of the World and the Flying Ship © Arthur Ransome / Cosgrove/Hall Productions, WGBH Boston
Fiche publiée le 01 janvier 2010 - Dernière modification le 08 février 2022 - Lue 23008 fois